Handicap et emploi : « La Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé m'a ouvert des portes »
10 novembre 2022
Karim témoigne que le handicap n’existe pas « en soi », mais dépend d’une situation, d’un environnement qu’il est possible d’adapter.
Karim, Consultant AMOE chez Sully
Je suis chez Sully depuis 3 ans. Je suis consultant AMOE pour notre client EDF. Mon poste m’amène à travailler sur des applications du système d’information du nucléaire
Je suis amené à prendre en charge toutes sortes de tâches : gestion de projet, résolution d'incidents et de problèmes, traitement des demandes, configuration d’applications, amélioration continue…
C'est un travail varié, complexe et riche en même temps. Raisons pour lesquelles j'aime ce poste.
3 jours par semaine dans les locaux EDF au centre de Lyon, et 2 jours chez moi, en télétravail.
Je suis malvoyant à hauteur de 60 %. J'ai une acuité visuelle qui varie entre 2 et 4 à chaque œil, selon l'ambiance lumineuse. J’ai une pathologie qui porte sur la rétine et suis sensible à la lumière, j’ai besoin d’adapter les ambiances lumineuses.
Pas vraiment : j’utilise un écran 24 pouces avec la mise à l’échelle de l’affichage Windows à 125 %.
Mon handicap n’est pas flagrant. Je travaille avec des verres teintés depuis 2 ans. Ceux qui ne me connaissent pas encore pensent parfois que c'est pour le style !
Je ne suis finalement pas très handicapé par ma pathologie dans ma mission.
Pas tout à fait. Par exemple, je ne peux pas conduire. Ça a été un frein pour ma carrière.
Mais aujourd'hui, c'est vrai que c'est presque transparent par rapport à mes collègues. Mon handicap ne m’empêche pas d’être performant, je suis même référent pour l’équipe. Les gens avec qui je travaille connaissent ma situation et s’adaptent pour me permettre de donner le meilleur. Ils font l’effort de zoomer quand ils me partagent leur écran, ils privilégient les visioconférences aux salles de réunions… Ces petits ajustements quotidiens sont finalement rentrés assez facilement dans les habitudes et sont devenus naturels pour tous.
Mon parcours scolaire a été très compliqué par mon handicap. J’avais beaucoup de mal à lire au tableau, et je ne bénéficiais pas d’un accompagnement ou d’un enseignement adapté. Du coup, j'ai quitté le milieu scolaire avec le bac pour seul bagage.
De 20 à 28 ans, j’ai cumulé les petits boulots, à l’usine, en restauration… tous les métiers que je pouvais trouver pour gagner ma vie.
En 2010, j’ai obtenu une reconnaissance de travailleur handicapé (RQTH). Et c'est ça qui m'a ouvert les portes du monde professionnel.
Ça a été une seconde vie pour moi.
Avant, sans diplôme et sans cette reconnaissance, c'était la galère. Se présenter et dire « j'ai besoin d’un poste adapté », ce n’était pas bien reçu et pas bien perçu. On ne me regardait pratiquement pas.
À partir du moment où j'ai eu la RQTH, ça a été comme une légitimité auprès du monde professionnel. Ça m'a ouvert les portes des grands groupes, qui sont fortement incités au niveau législatif.
J'ai pu intégrer une grande ESN et reprendre mes études en alternance, passer un BTS en informatique et une licence en management. J'ai pu m'accomplir professionnellement, gagner en estime de soi et avancer humainement.
À la suite de remaniements internes, j’ai dû quitter le grand groupe qui m’avait donné ma chance. De 2015 à 2018, j’ai repris des missions « alimentaires ».
Puis en 2018, Pôle emploi m’a proposé une formation de développeur C# .NET. À la suite de cette formation, j'ai intégré une autre grande ESN.
Enfin, en 2019, j’ai eu une opportunité beaucoup plus intéressante avec Sully Group, qui m’a proposé ma mission actuelle chez EDF.
L’avenir est enthousiasmant pour moi.
Ça bouge pas mal en ce moment, je pense qu'il y a des opportunités et beaucoup de défis à venir. On me propose de plus en plus de piloter et de coordonner, ça me motive.
J’ai été attiré par le groupe parce que je sentais qu’il avait su garder une dimension humaine. Je le perçois au quotidien avec les collègues Sully que je côtoie chez EDF, et mes responsables à l’agence de Lyon. Je retrouve en eux une bienveillance qu’on ne rencontre pas forcément chez d’autres confrères.
Je tenais à parler de mon expérience avec le handicap, ça me fait du bien, et j’espère que ça pourra utile à d’autres.
Mon message, c’est que le handicap n’existe pas « en soi », on peut tous être handicapé dans une situation particulière. Et inversement, si on adapte l’environnement, le handicap peut disparaître, ou du moins devenir beaucoup moins visible.
C’est pourquoi il est très important de parler de « personne en situation de handicap », et non de « handicapé ». Ce qui compte pour moi, c’est la situation, pas le handicap.
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