RSE
4 mai 2023
Afterwork sur l'éco-conception avec Sully Group
L’ADIRA, le Club des entreprises de l’Université Savoie Mont Blanc, Chambéry Grand Lac et Sully Group s’associent pour une soirée d’échanges.

Le 27 avril 2023, l’ADIRA, Sully Group, le Club des entreprises l’USMB ainsi que Chambéry Grand Lac se sont associés afin de faire échanger décideurs, startups, étudiants, enseignants et acteurs institutionnels autour du sujet : « Pourquoi vos services numériques devront être éco-conçus ? »

Voici les témoignages de Karine MARTIN FUENTÈS - Directrice de l’agence Alpes, Elsa BLAHAY - Responsable RSE, Nicolas Schweyer - Responsable du Studio UX, Christophe LANCIAN - Responsable TMA et Sidi-Mohamed AIDARA, Concepteur Développeur.
Nous remercions par ailleurs Pierre-Antoine TROUBAT - Délégué Général de l’ADIRA, Nicolas BORGHESE - Délégué général du Club des Entreprises Université Savoie Mont Blanc, Frederick PETIT - Chef de projet au SMAAG et Thierry BOLLON, Enseignant-Chercheur.

Karine, l'ADIRA et Sully collaborent depuis de nombreuses année…

Si l’ADIRA est un puissant réseau où chaque acteur du monde informatique a sa place, c’est surtout une organisation qui favorise le partage, sa richesse venant du talent des femmes et des hommes qui la composent. 
Le lien qui unit Sully à l’ADIRA en est le parfait exemple et le reflet d’une longue et passionnante histoire de plus de 40 ans. Au fil des années, nous avons toujours contribué activement aux groupes de travail et organisé différents évènements aux sujets IT variés.
Plus récemment, en 2020, par mon intermédiaire, nous avons rejoint le Conseil d’Administration de l’association. En plus d’animer le groupe de travail « Imagine », c’est désormais aussi pour moi la possibilité d’être au cœur des sujets d’avenir de l’organisation et de pouvoir y contribuer de façon plus large.
 

Pourquoi avoir organisé un événement ensemble sur le thème de l'éco-conception ?

Il ne passe pas une journée sans lire que nos enjeux de ressources énergétiques commencent aujourd’hui par la réflexion et surtout la mise en œuvre de meilleures pratiques IT, devant nous aider à réduire notre consommation énergétique. 
Si répondre à des enjeux RSE est dans l'ère du temps, c'est bien parce que nous nous devons de changer nos usages et de réfléchir collectivement sur les bonnes façons d'y arriver. L’écoconception est l’affaire de tous les acteurs IT. 
Pour porter ce message auprès d’un large public, j’ai tenu à ce que chaque typologie d’acteurs soit représentée. Cet afterwork a enfin été l’occasion, et pour la première fois, de réunir décideurs IT, designers, concepteurs développeurs, utilisateurs, enseignants chercheurs et étudiants autour du même sujet.
 

Elsa, tu es responsable RSE chez Sully, en quoi l'éco-conception est importante pour le groupe ?

Le numérique responsable, et plus particulièrement le volet éco-conception, est un pilier de notre politique RSE.
En tant que prestataire de services numériques, nous avons en effet la responsabilité d’agir pour un développement IT plus responsable. Les bonnes pratiques d’éco-conception nous permettent de délivrer à nos clients des prestations de qualité, respectueuses de l’environnement, sécurisées et efficientes.
Faire la pédagogie, sensibiliser et former nos collaborateurs sur les sujets novateurs de notre métier est une responsabilité portée et assumée par notre politique RSE. Toutes nos réalisations passent également par la mesure de nos actions afin de prouver le bien-fondé de nos interventions. Sully Group s’appuie sur un discours de vérité et de transparence.
De nombreux défis nous attendent encore en matière de développement durable, mais pas à pas nous franchissons de nouvelles étapes.

Nicolas, tu portes l'offre éco-conception chez Sully. Quelle est notre démarche ?

Notre volonté est double :

  • Garantir à nos clients le respect des bonnes pratiques éco-responsables dans le développement de leurs nouveaux services, comme nous le faisons pour l’accessibilité, la sécurité, l’interopérabilité ou la RGPD. À cette fin, nous menons des actions de sensibilisation et de formation auprès de tous nos collaborateurs : chefs de projet, concepteurs, développeurs, designers, testeurs… En effet, l’éco-conception est une démarche transversale, chacun devant y contribuer au travers de son champ d’expertise.
  • Accompagner nos clients dans l’amélioration de services existants. Pour cela, nous menons des audits pour mesurer la performance, identifier des points d’améliorations et les mettre en œuvre.
Quelles sont les clés pour éco-concevoir un service numérique ?

Comme le dit Frédéric BORDAGE, créateur de Green IT : « Si l’on veut vraiment s’attaquer à son empreinte numérique, le leitmotiv, c’est moins d’équipements et qui durent plus longtemps. En l’appliquant, on s’attaque à 75 % de son impact numérique. »
Pour faire durer les équipements, les services numériques doivent : 

  • être sobres en utilisation, voyage et stockage de données ;
  • utiliser des technologies économes, ouvertes et évolutives ;
  • viser à des niveaux de performance adaptés aux besoins, sans être nécessairement les plus hauts.
Et concrètement, comment fait-on ?

Le RGESN (Référentiel général d'écoconception de services numériques) donne un bon aperçu des bonnes pratiques à mettre en œuvre, en 8 thématiques :
1.    Stratégie : Utilité du service, attentes des utilisateurs, choix technologiques, gouvernance, mesure de la performance, communication et formation…
2.    Spécifications : Revue de conception, revue de code, stratégie de décommissionnement, obligations des fournisseurs, évaluation des services tiers…
3.    Architecture : Ressources minimales, Scalabilité, évolutivité, pérennité…
4.    UX/UI : Optimisation des parcours, utilisation de composants natifs, optimisation de l’interface, minimisation des ressources et des requêtes…
5.    Contenus : formats, compression, pertinence, suppression des contenus obsolètes…
6.    Frontend : Poids, compression, chargement à la demande, cache, stockage local, traitement asynchrone…
7.    Backend : Minimum de requêtes API & SQL, microservices, stockage local, version la plus stable du langage…
8.    Hébergement : SLA adapté, serveurs virtualisés, hébergeur écoresponsable, minimum requis sur le serveur, rétention de backup courtes, décommissionnement, services managés…
Notre accompagnement consiste à adapter la démarche en fonction du contexte : on n’agit pas de la même manière en conception initiale et sur un service existant. L’objectif n’est pas de prescrire des exigences de manière dogmatique, mais de définir la feuille de route la plus efficiente, tenant compte de la faisabilité et de l’acceptabilité.
Il est important de souligner que les bonnes pratiques d’écoconception sont les mêmes que celles qui contribuent à la performance, à la qualité et aux économies budgétaires. 

Christophe, tu étais invité pour parler de ton expérience sur l’Appli M du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise. À quoi sert cette application ?

Le SMMAG est un acteur public qui regroupe les Autorités organisatrices des mobilités de :

  • la Métropole grenobloise ;
  • la Communauté de communes du Grésivaudan ;
  • la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais.

Sa mission est d’organiser les mobilités au service des territoires. Pour ce faire, le SMMAG s’est doté de divers outils, dont « L’Appli M », application phare de services numériques multimodaux (ou MaaS pour Mobility as a Service). L’appli M permet aux usagers :

  • de trouver les meilleurs itinéraires en transport en commun, covoiturage, autopartage, vélos, trottinettes…
  • de connaître les horaires et les perturbations en temps réel ;
  • de gérer le stationnement dans les parkings du cœur urbain ;
  • et bientôt d’acheter les titres de transports et les abonnements.
Pourquoi avoir fait appel à Sully pour accompagner le SMMAG sur une démarche d'éco-conception de l’Appli M ?

En 2021, la loi REEN a été promulguée pour réduire l'empreinte environnementale du numérique. Cette loi contient des dispositions relatives à l’obsolescence programmée des logiciels, à la formation à l’impact environnemental du numérique ou encore à l’information des consommateurs du numérique et surtout des acteurs publics locaux. 
Plus précisément, il faut retenir que l’article 35 de la loi REEN impose aux communes de plus de 50 000 habitants et aux EPCI à fiscalité propre regroupant plus de 50 000 habitants de définir une stratégie numérique responsable. 
À ce titre, le SMMAG est tenu de se mettre en conformité et d’établir une stratégie au plus tard le 1er janvier 2025. Afin de préparer au mieux cette stratégie, le SMMAG devait impérativement, au regard de la loi, élaborer, avant le 1er janvier 2023, un « programme de travail préalable » qui comportait notamment un état des lieux :

  • recensant les acteurs concernés ; 
  • et mettant en avant les mesures prises pour réduire l’empreinte environnementale du numérique.

C’est dans ce cadre et afin de rédiger ce « programme de travail préalable » que nous avons sollicité Nicolas et son équipe. Le but de la démarche était triple : 
1.    D’un point de vue strictement réglementaire : se mettre en conformité avec les objectifs fixés par la loi « REEN ».
2.    D’un point de vue applicatif : profiter de l’audit pour détecter les éventuels points de blocages et nœuds de performances.
3.    D’un point de vue équipe : initialiser une démarche d’acculturation à l’éco-conception.

Sidi-Mohamed, tu es concepteur développeur pour l’Appli M, et référent éco-conception Back et Front chez Sully, quelle a été ton approche ?

Il convient de souligner que L'Appli M existait avant l'audit. Avoir une connaissance du projet a facilité l'identification des axes d'amélioration, tant au niveau du frontend que du backend.
 L'approche a été la suivante :
1.    Passer en revue les critères du RGESN (Référentiel général d'écoconception de services numériques). Dans le cadre de mon intervention, les périmètres concernaient le front et le back. 
2.    Pour chaque règle du RGESN, croiser les critères d’acceptation avec la ou les bonnes pratiques des 115 Bonnes Pratiques de GreenIT. Ces bonnes pratiques sont souvent plus unitaires et plus proches de la technique que du métier.
3.    Énoncer un ensemble de recommandations en précisant leur impact et en évaluant le coût de leur mise en œuvre.
4.    « Prendre une photo » du système actuel afin de pouvoir comparer la performance avant et après l'implémentation des recommandations. Pour le frontend, l'outil Lighthouse de Google permet une telle comparaison assez rapidement. Côté backend, nous avons utilisé Locust, un outil Python qui permet de créer des scénarios d'utilisation de notre serveur pour réaliser de véritables tests de charge.
Concrètement, il est essentiel de s'assurer d'une mise en œuvre technique appropriée des différentes couches de l'application : 

  • Pour le frontend, on cherchera les axes d'amélioration tels que le temps nécessaire pour que le navigateur restitue le premier élément de contenu DOM, le temps nécessaire pour que la page devienne entièrement interactive ou encore le temps total bloquant de toutes les longues tâches lors de la navigation vers l'application. Il est nécessaire de compléter cette analyse par une analyse manuelle, qui implique notamment d'examiner, entre autres, le temps de manipulation du DOM, la taille du javascript, le temps d'exécution du javascript. 
  • Pour le backend, il s'agit principalement de minimiser la charge du serveur. Par exemple, pour les données en temps réel, il est préférable d'adopter un système de push du serveur vers le ou les clients, ce qui est plus adapté à l'écoconception. Il est également important de mettre en place une architecture correspondant aux besoins métiers (les microservices sont excellents dès qu'on se retrouve dans des situations complexes). Il existe plusieurs patterns pour optimiser la sollicitation des serveurs logiques (Circuit Breaker, Retry Pattern…).
  • La gestion des données est également importante : il convient de mettre en place un système de cache robuste et d'éviter les requêtes dans les boucles...

Finalement, ce qu’il faut surtout retenir pour un Concepteur/Développeur, c'est qu’on fait naturellement de l’éco-conception en appliquant systématiquement les bonnes pratiques de la conception d’un système informatique.

Nicolas, quelle est la suite de l’accompagnement ?

Au-delà des points d’améliorations frontend et backend identifiés par Sidi-Mohamed, nous auditons la conformité de l’Appli M sur les autres périmètres du RGESN, de manière à permettre au SMAAG de définir sa feuille de route sur un plus long terme. C’est une démarche pragmatique, qui a pour objectif d’apporter de la valeur à l’utilisateur et à l’équipe projet.

Karine, un mot pour conclure ?

À refaire !! Ce premier évènement ADIRA, Club des Entreprises USMB et Sully dans le bassin de Chambéry a été un succès tant sur sa pertinence que grâce aux riches interventions de chacun.
Cette réussite tient des qualités qui nous rassemblent : humilité, humanité, transparence, efficience et toujours dans le respect de chacun. Ce mélange des mondes a été concluant, il a permis de donner du sens à nos propos et de tous nous embarquer dans ce sujet aussi passionnant que de longue haleine.

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